Le
comparateur des territoires
Le niveau de vie plutôt enviable dont jouissaient les
personnes retraitées lors des Trente glorieuses s’érode dangereusement. Le
baromètre de l’Unccas et de la Gazette Santé-Social le confirmait encore en
septembre dernier.
En
partenariat avec la Gazette des communes, la Gazette Santé-Social et
l’Observatoire des inégalités, le Compas (Centre d’observation et de mesure des
politiques d’action sociale) a développé un comparateur des revenus des
personnes âgées pour les villes de plus de 10.000 habitants.
A
cette occasion, Hervé Guery, directeur du Compas, et Louis Maurin, consultant
et directeur de l’Observatoire des inégalités, livrent leurs analyses des
situations révélées par cet outil.
La méthode :
Ce
comparateur a été élaboré par le Compas en partenariat avec la Gazette des
communes, la Gazette Santé-Social et l’Observatoire des inégalités. Les données
de l’Insee sur les revenus de l'année 2011, pour la France métropolitaine et
pour une unité de consommation (l'équivalent d'une personne seule) ont été
utilisées, hors impôts et prestations sociales.
Les données
pour les 10 % les plus pauvres doivent donc être considérées avec précaution.
En particulier, la comparaison du niveau de vie des personnes âgées les plus
pauvres et celle de la commune est faussée du fait de l'absence des allocations
familiales et logement dont disposent plus souvent les plus jeunes.
Le revenu
médian est celui qui partage l’effectif en deux : autant gagnent moins et
autant gagnent plus.
« 10 % les
plus pauvres » indique la valeur maximale perçue par cette tranche, « 10 % les
plus riches » la valeur minimale. La variation en euros ne tient pas compte de
l’inflation au cours de la période (3,7%).
A Hazebrouck :
L’évolution du niveau de vie des 60 - 74
ans d’une ville comme Hazebrouck met en évidence un écart de 1 à 3 entre les
plus riches et les plus pauvres et de 1 à 5 en termes de revenus. Cela signifie
que le niveau de vie des plus riches a progressé de 207 euros entre 2008 et
2011 pour s’établir à 2625 euros mensuel, alors que dans le même temps, celui
des plus pauvres a évolué de 102 euros pour atteindre 545 euros.
L’évolution du niveau de vie des 75 ans
et plus d’une ville comme Hazebrouck met en évidence un écart de 1 à 3 entre
les plus riches et les plus pauvres et de 1 à 5 en termes de revenus. Cela
signifie que le niveau de vie des plus riches a progressé de 89 euros entre
2008 et 2011 pour s’établir à 2625 euros mensuel, alors que dans le même temps,
celui des plus pauvres a évolué de 57 euros pour atteindre 545 euros.
A Hazebrouck, les 75 ans et plus sont moins riches que les 60
– 74 ans.
Quelles sont les limites de ce type
d’outil ?
L’outil ne prend pas en compte les
impôts, ce qui signifie que les progressions pour les plus aisés sont un peu
surestimées. Les prestations ne sont pas non plus intégrées au calcul,
c’est-à-dire que les revenus des plus pauvres apparaissent plus bas qu’ils ne
le sont en réalité. De même, l’inflation n’apparait pas. Tours par exemple
enregistre une progression du revenu des plus pauvres de 23 euros en trois ans,
ce qui, après inflation, fait tomber le chiffre à presque zéro. Les
pondérations à apporter sont néanmoins faibles et ne modifient pas le jugement
global à apporter sur les résultats.
Pourquoi ne pas prendre en compte les prestations sociales et les
impôts ?
Il est difficile de recueillir les
données de prestations sociales au niveau local. Ce travail a été effectué par
l’Insee qui devait rendre ces données accessibles en 2012, mais elles ne le
sont toujours pas. Nous devons pour l’instant nous contenter de données
générales, qui révèlent toutefois certains phénomènes intéressants comme un
enrichissement des riches plus rapide que celui des pauvres. En outre, cela
démontre que nous nous trouvons en présence d’une phase de crise subie par les
plus démunis, et ce même s’il est rare que les revenus des personnes âgées baissent.
Cet outil doit servir aux communes pour
se faire une idée du niveau de vie de leur population vieillissante, ainsi qu’à
prendre conscience de l’importance de disposer de données plus fines pour
réaliser un état des lieux. Certaines communes sont très avancées dans la
connaissance des données sociales, mais pas toutes. Il existe une très grande
inégalité dans l’analyse de ces questions.
«Il faut
s’attendre à un accroissement des inégalités à l’image de ce qu’ont connu les
autres générations» – Hervé Guery
Son analyse du niveau de vie des
personnes âgées au regard du reste de la population :
La méthode :
Ce
comparateur a été élaboré par le Compas en partenariat avec la Gazette des
communes, la Gazette Santé-Social et l’Observatoire des inégalités. Les données
de l’Insee sur les revenus de l'année 2011, pour la France métropolitaine et
pour une unité de consommation (l'équivalent d'une personne seule) ont été
utilisées, hors impôts et prestations sociales.
Les données
pour les 10 % les plus pauvres doivent donc être considérées avec précaution.
En particulier, la comparaison du niveau de vie des personnes âgées les plus
pauvres et celle de la commune est faussée du fait de l'absence des allocations
familiales et logement dont disposent plus souvent les plus jeunes.
Le revenu
médian est celui qui partage l’effectif en deux : autant gagnent moins et
autant gagnent plus.
« 10 % les
plus pauvres » indique la valeur maximale perçue par cette tranche, « 10 % les
plus riches » la valeur minimale. La variation en euros ne tient pas compte de
l’inflation au cours de la période (3,7%).
A Hazebrouck :
L’évolution du niveau de vie des 60 - 74
ans d’une ville comme Hazebrouck met en évidence un écart de 1 à 3 entre les
plus riches et les plus pauvres et de 1 à 5 en termes de revenus. Cela signifie
que le niveau de vie des plus riches a progressé de 207 euros entre 2008 et
2011 pour s’établir à 2625 euros mensuel, alors que dans le même temps, celui
des plus pauvres a évolué de 102 euros pour atteindre 545 euros.
L’évolution du niveau de vie des 75 ans
et plus d’une ville comme Hazebrouck met en évidence un écart de 1 à 3 entre
les plus riches et les plus pauvres et de 1 à 5 en termes de revenus. Cela
signifie que le niveau de vie des plus riches a progressé de 89 euros entre
2008 et 2011 pour s’établir à 2625 euros mensuel, alors que dans le même temps,
celui des plus pauvres a évolué de 57 euros pour atteindre 545 euros.
A Hazebrouck, les 75 ans et plus sont moins riches que les 60
– 74 ans.
Quelles sont les limites de ce type
d’outil ?
L’outil ne prend pas en compte les
impôts, ce qui signifie que les progressions pour les plus aisés sont un peu
surestimées. Les prestations ne sont pas non plus intégrées au calcul,
c’est-à-dire que les revenus des plus pauvres apparaissent plus bas qu’ils ne
le sont en réalité. De même, l’inflation n’apparait pas. Tours par exemple
enregistre une progression du revenu des plus pauvres de 23 euros en trois ans,
ce qui, après inflation, fait tomber le chiffre à presque zéro. Les
pondérations à apporter sont néanmoins faibles et ne modifient pas le jugement
global à apporter sur les résultats.
Pourquoi ne pas prendre en compte les prestations sociales et les
impôts ?
Il est difficile de recueillir les
données de prestations sociales au niveau local. Ce travail a été effectué par
l’Insee qui devait rendre ces données accessibles en 2012, mais elles ne le
sont toujours pas. Nous devons pour l’instant nous contenter de données
générales, qui révèlent toutefois certains phénomènes intéressants comme un
enrichissement des riches plus rapide que celui des pauvres. En outre, cela
démontre que nous nous trouvons en présence d’une phase de crise subie par les
plus démunis, et ce même s’il est rare que les revenus des personnes âgées baissent.
Cet outil doit servir aux communes pour
se faire une idée du niveau de vie de leur population vieillissante, ainsi qu’à
prendre conscience de l’importance de disposer de données plus fines pour
réaliser un état des lieux. Certaines communes sont très avancées dans la
connaissance des données sociales, mais pas toutes. Il existe une très grande
inégalité dans l’analyse de ces questions.
«Il faut
s’attendre à un accroissement des inégalités à l’image de ce qu’ont connu les
autres générations» – Hervé Guery
Son analyse du niveau de vie des
personnes âgées au regard du reste de la population :
Le niveau de revenus des 60-74 ans est supérieur aux revenus médians dans
la quasi-totalité des territoires. Mais
le niveau de revenus le plus important se trouve dans la tranche des 50-60 ans,
essentiellement lié à une période de plein emploi et à une offre en matière de
retraite qui s’est considérablement améliorée au cours des dernières décennies.
Ce bénéfice se traduit aujourd’hui par un niveau de vie plutôt correct pour les
sexagénaires, d’autant que cette population est la plus fréquemment
propriétaire de son logement.
Cependant, le revenu médian ne permet pas de comprendre les phénomènes de
pauvreté. Or, si la population touchant des revenus médians dispose d’un niveau
de vie correct au regard de l’ensemble de la population, les revenus du premier
décille (la tranche des 10 % les plus pauvres du comparateur, ndlr) sont
bien plus faibles. Cette tranche de revenus met en exergue les profils de retraités
qui ont eu de petits salaires ou qui n’ont pas suffisamment travaillé.
Comment expliquer la progression
des revenus pour les personnes âgées de 75 ans et plus ?
Cette tranche d’âge est en train d’évoluer assez significativement par
l’entrée de personnes qui appartenaient aux 60-74 ans dotés d’un très bon
niveau de vie. Il y a 10 ans, cette tranche d’âge était en grande majorité
composée de femmes qui bénéficiaient de pensions de réversion et des personnes
qui n’avaient pas connu un niveau de salaire élevé. L’impact des périodes de
cotisations complètes et des couples qui perdurent au-delà de 75 ans grâce à
l’augmentation de l’espérance de vie commence à se faire sentir.
Le baromètre Gazette Santé-Social -
Unccas a montré en septembre 2013 une dégradation de la situation des personnes
âgées. Quels facteurs permettent d’analyser ce phénomène ?
En premier lieu, l’allongement des durées de cotisations a eu pour
conséquence de retarder l’âge d’attribution de l’allocation de solidarité aux
personnes âgées (Aspa). Beaucoup de personnes touchent ainsi le RSA jusqu’à 65
ans. Ce décalage dans l’accession à l’Aspa pour les publics les plus
défavorisés entraîne une paupérisation de cette tranche d’âge.
Ensuite, le niveau de revenus médians des quinquagénaires est supérieur à
celui des sexagénaires aujourd’hui. Mais dans la quasi-totalité des villes
françaises, les 50-60 ans les plus pauvres disposent de revenus plus faibles
que les sexagénaires les plus pauvres. Lorsque les quinquagénaires intégreront
la tranche d’âge supérieure, cela entraînera une baisse mécanique du niveau de
revenu des 60-74 ans.
A quoi cette baisse du niveau de
revenus des quinquagénaires est-elle due ?
Cette baisse s’explique par l’explosion du chômage des plus de 50 ans, par
le temps partiel et par la séparation des ménages qui a pour conséquence une
paupérisation des femmes. Les effets de cette situation se traduisent par une
forte progression de la paupérisation des sexagénaires.
Il faut cependant garder à l’esprit que les tranches d’âges les plus
pauvres de la population sont les jeunes. Les sexagénaires, s’ils
s’appauvrissent, bénéficient au minimum du RSA jusqu’à 65 ans, et de l’Aspa
au-delà. En ce qui concerne les jeunes de moins de 25 ans, il n’y a aucune
source de revenus sans solidarité familiale.
Ce qu’on observe pour les 60-74
ans entre 2008 et 2011 est-il le reflet du niveau de vie des nouveaux retraités
?
Une légère progression est en effet observable pour les personnes qui
touchaient le RSA et passent à l’Aspa. Mais ceux qui touchaient le Smic ont
connu une baisse significative de revenus et du niveau de vie. Il y a une
quinzaine d’années, la génération des plus âgés se caractérisait par des écarts
plus réduits entre les plus riches et les plus pauvres. Aujourd’hui, cet écart
tend à se creuser pour rattraper celui des autres tranches d’âge. Les
inégalités s’accroissent pour les personnes âgées comme elles se sont accrues
avant pour les autres générations.
Quelles sont les perspectives ?
Il faut s’attendre à un accroissement
des inégalités à l’image de ce qu’ont connu les autres générations. Un
lissage vers le bas va s’opérer pour les plus pauvres, mais pas autant pour les
revenus médians et pas du tout pour les plus riches dont les revenus vont
poursuivre leur croissance.
L’allongement de la durée de vie et le manque d’aidants naturels va
entraîner une augmentation de la demande de besoins sociaux. Or, les
collectivités locales n’auront pas les ressources nécessaires compte tenu de la
baisse des dotations et des aides dont elles bénéficient. Les années à venir
vont voir se poser la question de la solidarité envers les personnes âgées.
Il sera intéressant de voir ce que vont nous proposer les candidats aux
Municipales de 2014 sur le sujet.
Le niveau de revenus des 60-74 ans est supérieur aux revenus médians dans
la quasi-totalité des territoires. Mais
le niveau de revenus le plus important se trouve dans la tranche des 50-60 ans,
essentiellement lié à une période de plein emploi et à une offre en matière de
retraite qui s’est considérablement améliorée au cours des dernières décennies.
Ce bénéfice se traduit aujourd’hui par un niveau de vie plutôt correct pour les
sexagénaires, d’autant que cette population est la plus fréquemment
propriétaire de son logement.
Cependant, le revenu médian ne permet pas de comprendre les phénomènes de
pauvreté. Or, si la population touchant des revenus médians dispose d’un niveau
de vie correct au regard de l’ensemble de la population, les revenus du premier
décille (la tranche des 10 % les plus pauvres du comparateur, ndlr) sont
bien plus faibles. Cette tranche de revenus met en exergue les profils de retraités
qui ont eu de petits salaires ou qui n’ont pas suffisamment travaillé.
Comment expliquer la progression
des revenus pour les personnes âgées de 75 ans et plus ?
Cette tranche d’âge est en train d’évoluer assez significativement par
l’entrée de personnes qui appartenaient aux 60-74 ans dotés d’un très bon
niveau de vie. Il y a 10 ans, cette tranche d’âge était en grande majorité
composée de femmes qui bénéficiaient de pensions de réversion et des personnes
qui n’avaient pas connu un niveau de salaire élevé. L’impact des périodes de
cotisations complètes et des couples qui perdurent au-delà de 75 ans grâce à
l’augmentation de l’espérance de vie commence à se faire sentir.
Le baromètre Gazette Santé-Social -
Unccas a montré en septembre 2013 une dégradation de la situation des personnes
âgées. Quels facteurs permettent d’analyser ce phénomène ?
En premier lieu, l’allongement des durées de cotisations a eu pour
conséquence de retarder l’âge d’attribution de l’allocation de solidarité aux
personnes âgées (Aspa). Beaucoup de personnes touchent ainsi le RSA jusqu’à 65
ans. Ce décalage dans l’accession à l’Aspa pour les publics les plus
défavorisés entraîne une paupérisation de cette tranche d’âge.
Ensuite, le niveau de revenus médians des quinquagénaires est supérieur à
celui des sexagénaires aujourd’hui. Mais dans la quasi-totalité des villes
françaises, les 50-60 ans les plus pauvres disposent de revenus plus faibles
que les sexagénaires les plus pauvres. Lorsque les quinquagénaires intégreront
la tranche d’âge supérieure, cela entraînera une baisse mécanique du niveau de
revenu des 60-74 ans.
A quoi cette baisse du niveau de
revenus des quinquagénaires est-elle due ?
Cette baisse s’explique par l’explosion du chômage des plus de 50 ans, par
le temps partiel et par la séparation des ménages qui a pour conséquence une
paupérisation des femmes. Les effets de cette situation se traduisent par une
forte progression de la paupérisation des sexagénaires.
Il faut cependant garder à l’esprit que les tranches d’âges les plus
pauvres de la population sont les jeunes. Les sexagénaires, s’ils
s’appauvrissent, bénéficient au minimum du RSA jusqu’à 65 ans, et de l’Aspa
au-delà. En ce qui concerne les jeunes de moins de 25 ans, il n’y a aucune
source de revenus sans solidarité familiale.
Ce qu’on observe pour les 60-74
ans entre 2008 et 2011 est-il le reflet du niveau de vie des nouveaux retraités
?
Une légère progression est en effet observable pour les personnes qui
touchaient le RSA et passent à l’Aspa. Mais ceux qui touchaient le Smic ont
connu une baisse significative de revenus et du niveau de vie. Il y a une
quinzaine d’années, la génération des plus âgés se caractérisait par des écarts
plus réduits entre les plus riches et les plus pauvres. Aujourd’hui, cet écart
tend à se creuser pour rattraper celui des autres tranches d’âge. Les
inégalités s’accroissent pour les personnes âgées comme elles se sont accrues
avant pour les autres générations.
Quelles sont les perspectives ?
Il faut s’attendre à un accroissement
des inégalités à l’image de ce qu’ont connu les autres générations. Un
lissage vers le bas va s’opérer pour les plus pauvres, mais pas autant pour les
revenus médians et pas du tout pour les plus riches dont les revenus vont
poursuivre leur croissance.
L’allongement de la durée de vie et le manque d’aidants naturels va
entraîner une augmentation de la demande de besoins sociaux. Or, les
collectivités locales n’auront pas les ressources nécessaires compte tenu de la
baisse des dotations et des aides dont elles bénéficient. Les années à venir
vont voir se poser la question de la solidarité envers les personnes âgées.
Il sera intéressant de voir ce que vont nous proposer les candidats aux
Municipales de 2014 sur le sujet.
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