Avec
la crise, tous les pays industrialisés s'interrogent sur l'importance et les
missions de l'Etat.
Dans son nouveau livre, Jean-Philippe Delsol, avocat et
administrateur de l'Institut de Recherches Economiques et Fiscales, raconte, à
partir d'histoires vraies, les itinéraires de ces français qui partent à
l'étranger.
Selon l'auteur, les exilés sont aujourd'hui majoritairement des
hommes et des femmes qui veulent s'affranchir d'un Etat trop contraignant.
Avec eux - industriels, riches retraités, investisseurs -
c'est toute une partie de la richesse française qui s'en va, un peu comme du
temps de la révocation de l'Edit de Nantes. Nous le regretterons sans doute,
mais il sera trop tard.
Il y avait jusqu’à présent les riches, les vieux riches et
il y a maintenant les jeunes entrepreneurs, des jeunes qui partent pour réussir
ailleurs.
Aujourd’hui, on s’aperçoit qu’on peut partir à 35 000 €
de revenus c’est-à-dire qu’en fait ce ne sont plus les riches qui partent, ce
sont ceux qui ont envie de travailler autrement, avec plus de liberté.
En 2011, 35 077 foyers fiscaux ont quitté la France
alors qu’en 2010, il n’y en avait que 21 000. Ce qui compte, c’est l’écart
car, bien sûr, dans les 35 000, il y a les entreprises qui envoient leurs
salariés ou leurs ingénieurs pour travailler dans leurs filiales en Asie ou en
Amérique etc. mais il y a aussi de plus en plus des gens qui ne veulent plus
vivre en France. Ils partent parce que la France ne les aime plus.
Il est faux de dire que la France connait une économie
ultralibérale. La France dépense 57 % de son budget au travers de l’état et des
collectivités locales, des organismes publics.
Voyons de plus près. Pour commencer, il y a 5,2 millions de
salariés du public au sens strict (Etat, collectivités locales, fonction
hospitalière…) dont les effectifs ont augmenté de plus de 36 % depuis 1983. Ils
représentent 22 % de l’emploi contre 15 % en moyenne dans les autres pays de
l’OCDE. Donc, peut-être 1,5 million de fonctionnaires de trop.
Ensuite, il faut ajouter les 2 millions de salariés du
secteur parapublic, c’est-à-dire des structures juridiques contrôlées
majoritairement par l’Etat ou les collectivités. Puis viennent 60 % du 1,6
million d’emploi du secteur associatif, premier bénéficiaire des emplois aidés
« que les gouvernements ont créés depuis quatre décennies sans que leur
effet sur l’emploi n’ait jamais été démontré ». En 2012, 490 000
contrats aidés ont été initiés, dont 430 000 dans le secteur non marchand.
En 2013, il faut ajouter les 100 000 emplois d’avenir et les 12 000
emplois de génération créés par François Hollande pour tenter d’inverser la
courbe du chômage.
Ensuite, il faut ajouter la part des agriculteurs qui vivent
des revenus de la PAC (environ 50 %) et enfin qui tirent des revenus
accidentels de la collectivité : 3,22 millions de chômeurs et 1,3 million
de bénéficiaires du RSA.
Cela fait donc au total 14,5 millions de personnes sur une
population active de 28 millions.
L’état, en imposant son intervention partout, « modifie
l’esprit même de la société en la fonctionnarisant ».
« L’état est la
grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens
de tout le monde » Bastiat.
Ce n’est pas nouveau mais au-delà d’un certain niveau c’est
le public qui condamne le privé et c’est ce quoi on assiste dans les grandes
sociétés privées, c’est l’esprit public qui domine.
S’il y avait moins
d’état, on pourrait mettre la France sur les rails. D’autres pays nous ont
montré l’exemple. Le Canada, dans les années 90, moins de 20 % de dépenses
publiques, a passé la crise sans problème. La Suède a réduit considérablement
ses dépenses et va bien aujourd’hui.
En Allemagne, le gouvernement Schröder, social-démocrate, a
fait des réformes en faveur de plus de liberté et le chômage est de 5 % alors
qu’en France, il est près de 12 %. Bien sûr, il y a les petits boulots mais
c’est mieux que le RSA, c’est mieux payé et au moins les gens travaillent et
gardent ainsi leur expertise.
Cette situation ne pourra éternellement durer. « Le
système s’enrayera définitivement lorsque les derniers qui entreprennent ne
supporteront plus d’être surimposés et honnis à la fois ».
Difficile de ne pas être interpellé par ces chiffres et sans
assimiler les gens qui vivent grâce à l’état à des gens qui ne travaillent pas,
il est difficile de ne pas penser que cette protection de l’état financée par
la dette et l’impôt finit par étouffer le pays et l’empêche de redémarrer.
Sources :
Article de Christine Kerdellant « Les limites du
système » L’Express du 20 au 26 novembre 2013
« Pourquoi je vais quitter la France » de
Jean-Phippe Delsol aux éditions Tatamis
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