lundi 5 janvier 2015

Pique et pique E.T.

Qu’y a-t-il de commun entre Népomucène Lemercier, Brigitte Bardot Gustave Courbet, Maurice Ravel, Marcel Aymé, Françoise Fressoz, Marie-Ève Malouines, Annie Thébaud-Mony, Jacques Tardi, David Bowie et Keith Richards ?

Ils ont tous refusé la légion d’honneur !

Au total, près d'un million de personnes ont reçu la Légion d'honneur depuis 1804.Thomas Piketty n'est donc pas le premier à l’avoir refusée. Rare sont ceux qui l'ont refusé après la parution de leur nom au Journal officiel. Au total, 21 refus en incluant l'économiste.

Cette année, 691 personnalités figurent dans la promotion du 1er janvier de la Légion d'honneur. Parmi elles : les prix Nobel Jean Tirole et Patrick Modiano mais aussi l'actrice Mimie Mathy.


 Pourquoi ce refus ?

Il faut remonter en 2011-2012 où Thomas Piketty a joué le rôle de conseiller, dans la campagne victorieuse de François Hollande. Mais ce n’était pas un conseiller parmi tant d’autres, c’était l’inspirateur, et la caution. La preuve que les quelques hardiesses économiques du candidat n’étaient pas improvisées. Si l’équipe entourant le futur président, et si le candidat lui-même promettaient d’agir sur la relance en pleine période de crise, c’est qu’une répartition plus juste de l’argent public recueilli par l’impôt allait créer un choc de confiance. À chaque question sur le déficit, ou sur la faisabilité de telle ou telle mesure, François Hollande répondait par « la grande réforme fiscale », et cette grande réforme fiscale, avec, entre autre, la fusion de la CSG et de l’Impôt sur le revenu, était issue des travaux de Thomas Piketty

« Piketty », c’était le Sésame, un mélange de magie et de science… La réponse globale et la réponse à tout.

Après les élections, la réponse globale s’est transformée en une succession d’ajustements qui ne répondaient qu’aux exigences de la droite et des organisations patronales, et le Sésame fut renvoyé à ses chères études, ses conférences, ses critiques, puis son best-seller mondial « Capital au XXI° siècle » !
La grande réforme fiscale fut vaguement évoquée par Jean-Marc Ayrault en décembre 2013 avant d’être définitivement enterrée par la nomination de Manuel Valls au printemps 2014.

Si bien que l’attribution de cette Légion d’honneur apparaît, au seuil de 2015, comme une brassée de fleurs et de couronnes jetées sur la tombe d’une promesse, plutôt que l’aboutissement d’une carrière au service de la Nation…

Piketty : « Je refuse cette nomination, car je ne pense pas que ce soit le rôle d'un gouvernement de décider qui est honorable » et « Ils feraient bien de se consacrer à la relance de la croissance en France et en Europe. »

En tous cas, dépit ou conviction profonde, le résultat est là : les politiques n’ont pas toujours le dernier mot et il leur arrive de prendre un camouflet !


Rafraichissant en ce début d’année !!!


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