Frédéric Cuvillier ne peut plus reculer
Rescapé du récent remaniement ministériel, Frédéric Cuvillier retrouve plusieurs dossiers qu’il ne peut plus ignorer. Les pilotes de ligne maintiennent leur préavis de grève pour le mois de mai, les opposants à Notre-Dame-des-Landes, renforcés par les doutes de la nouvelle Ministre de l’Ecologie (Ségolène Royal), préparent une grande manifestation début juillet, la FNAM gronde… Le Secrétaire d’Etat aux Transports, n’a plus le choix. Il doit se découvrir.
Maintenu aux Transports et aux affaires maritimes dans le gouvernement de Manuel Valls, cette fois-ci en qualité de secrétaire d’Etat, Frédéric Cuvillier ne pourra plus ignorer les dossiers aéronautiques qui s’accumulent sur son bureau. On ne l’avait pas entendu, sous Jean-Marc Ayrault, à propos du projet empoisonné de Notre-Dame-des-Landes, sur le manque de compétitivité des compagnies aériennes françaises et encore moins sur les inquiétudes des pilotes, prêts à lancer une grève d’un mois entier.
Cette fois-ci, il n’est plus question de faire la sourde oreille. D’autant que Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, a exprimé à plusieurs reprises de sérieux doutes à propos du projet d’aéroport de NDDL. De même que certains des plus influents de ses collègues, à commencer par Arnaud Montebourg.
Les opposants à NDDL, très organisés, bien coordonnés, préparent d’ores et déjà un « grand rassemblement de l’été », les 5 et 6 juillet, bien décidés à montrer qu’ils ont de la suite dans les idées.
Mais on retiendra surtout que la Commission européenne a adressé à la France une mise en demeure de se conformer au droit communautaire en matière environnementale, le site aéroportuaire envisagé ne se prêtant en aucune façon à un projet de l’ampleur envisagée.
Au nombre de prises de position récentes, on retiendra celle de Denez L’Hostis, président de France Nature Environnement : « Ségolène Royal n’a jamais caché son scepticisme quant à ce projet, il lui appartient maintenant, en tant que ministre de l’Écologie, de faire un geste fort en mettant un terme définitif à ce projet ».
Deux associations viennent par ailleurs de lui demander d’être reçues pour faire valoir le point de vue des opposants, estimant que le dossier NDDL est dans une impasse, que c’est « un projet du siècle passé » et regrettant que la DGAC prétende que l’amélioration de l’aéroport de Nantes Atlantique coûterait plus cher que la construction d’un aéroport neuf.
Les calculs de la DGAC, en effet, sont étonnants dans la mesure où ils estiment à 825 millions d’euros le maintien de la plate-forme existante, un montant effectivement supérieur au coût prévisionnel de NDDL, lequel est manifestement très sous-estimé. La DGAC ajoute par ailleurs que plus d’un milliard d’euros l’investissement serait requis pour créer une piste transversale, opération qui impliquerait l’acquisition de 260 hectares de terrains.
L’ancien Premier ministre, ancien maire de Nantes, a défendu le dossier NDDL au-delà du bon sens. Aujourd’hui, on imagine que le bras de fer prenne rapidement une tout autre allure et la confrontation Ségolène Royal/Frédéric Cuvillier s’annonce particulièrement « intéressante ».
Le même Cuvillier devra sortir de sa réserve, sans plus attendre, pour aplanir le différend qui oppose le gouvernement aux pilotes de ligne. Le très puissant SNPL a perdu patience et annonce « un conflit majeur », à savoir une grève du 3 au 30 mai. Du jamais vu, aboutissement de « près de deux ans de longs pourparlers polis mais improductifs ». Les revendications, explique le SNPL, sont « légitimes, raisonnables et faciles à satisfaire ». Elles portent principalement sur la création d’une convention collective propre aux pilotes, un allègement des taxes qui pénalisent les compagnies et, de ce fait, l’emploi, ainsi que l’abrogation de la loi Diard qui « encadre » le droit de grève.
Ces récriminations en suivent d’autres, à commencer par la grande inquiétude exprimée par la FNAM, Fédération nationale de l’aviation marchande sur les charges qui pèsent sur la profession et pèsent sur sa compétitivité. Ou encore la mauvaise humeur suscitée par l’attitude de Frédéric Cuvillier vis-à-vis d’EasyJet, encensée au-delà du raisonnable en marge d’une récente commande d’Airbus A320. De toute évidence, les ailes commerciales françaises mériteraient un meilleur traitement.
Pierre Sparaco
Source :
http://www.aerobuzz.fr/spip.php?article5004
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