« Le bonheur n’est pas une question d’argent » nous affirme un
lecteur de La Voix du Nord aujourd’hui quoique…
« J’ai
faim. Pas une petite fringale qui vous creuse le ventre en fin d’après-midi ou
vous donne envie d’un carré de chocolat devant le film du soir. Non, j’ai une
faim qui dure depuis plusieurs semaines. Ce sentiment m’étreint, lancinant,
laminant. Pourtant je ne rate pas un repas. Mais ceux-ci ne revêtent désormais
aucun plaisir et sont juste nutritifs. Je me dis que je devrais déjà me sentir
heureux d’avoir à manger chaque jour, que certains n’ont pas cette chance. Qui
sait si je ne serai pas l’un des leur prochainement ? Pas de plaisir, pas
d’envie, les placards sont vides comme mon compte bancaire et lorsque s’ouvre
la porte du réfrigérateur, c’est un désert froid qui s’ouvre devant moi. Un
morceau de fromage entamé dispute la place à un reste de pâtes et une canette
de bière. Rien, à manger. J’ai faim. Il serait nécessaire de réapprovisionner les
réserves de nourriture. Ce serait pourtant facile : crédit, paiement en
chèque débité le mois suivant, utilisation du découvert bancaire… Mais la
morale m’interdit de dépenser pour le quotidien l’argent que je n’ai pas, alors
j’attends le début du mois en serrant l’estomac.
J’ai faim. Loyer, eau, gaz, électricité,
impôts, alimentation, transport… les euros s’échappent, emportés par des
courants d’air, qui se font plus nombreux et plus puissants. Pris dans la
tourmente de ce vent de factures, je ne trouve plus le repos.
Les journées de travail s’alourdissent,
accroissent la fatigue, mais les chiffres de ma fiche de paie sont toujours les
mêmes
.
J’ai faim et j’ai peur. Peur de voir le
sourire de mes enfants leur tomber du visage sous le coup du manque. Alors pour
conjurer le sort, je les comble de joie et d’attention pour leur remplir le
cœur de ce qui est gratuit, et tellement
indispensable : l’amour.
Un jour, peut-être pas si éloigné, nous
serons beaucoup plus nombreux à avoir faim, jusqu’à ne plus savoir contenter
les besoins essentiels de nos enfants. Les dirigeants politiques prendront
alors certainement, la mesure du danger qui les guette, et qui j’espère les
fera réagir, humainement et de manière altruiste. »
C’était
le courrier poignant d’un autre lecteur
en début de semaine, courrier qui ne peut laisser personne indifférent.
« La
faim continue à s’étendre dans le monde » dit-on mais elle s’étend d’abord
autour de nous et nous feignons ne pas la voir.
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